Du constat aux inventaires

Durant le XIXème siècle

La marnière fait partie intégrante du paysage.

 

A lire cet extrait du dictionnaire universel de la langue française de 1856, on pourrait même croire que : "tomber dans une marnière" est une action courante.

Sous la main de Guy de Maupassant, la marnière est également dans la littérature avec la nouvelle "Pierrot" parue dans le journal Le Gaulois le 9 octobre 1882. "... Au milieu d'une vaste plaine, on aperçoit une espèce de hutte, ou plutôt un tout petit toit de chaume, posé sur le sol. C'est l'entrée de la marnière. Un grand puits tout droit s'enfonce jusqu'à vingt mètres sous terre, pour aboutir à une série de longues galeries de mines. On descend une fois par an dans cette carrière, à l'époque où l'on marne les terres. Tout le reste du temps elle sert de cimetière aux chiens condamnés..."

http://www.bmlisieux.com/litterature/maupassant/pierrot.htm

Durant la première moitié du XXème siècle

La modernisation de l'agriculture induit l'abandon progressif des formes traditionnelles d'exploitation de la marne au profit d'importantes carrières à ciel ouvert.

Crédit photo AREHN

Durant la seconde moitié du XXème siècle

Avec la disparition des exploitants et des marnerons, on commence à oublier les marnières ...

 

... même si, de temps à autre, l'une d'elle s'effondre.

 

La pression démographique est alors faible ... les dégâts aussi... et la culture « orale » permet de garder trace de leur emplacement. La marnière ne fait pas forcément peur comme le prouve l'extrait d'acte notarié établi en 1975 lors de la vente d'une maison.

Début des années 80

Confrontés à des effondrements, certains maires commencent à se préoccuper du problème.

 

En 1984, le Centre d'Etudes Techniques de l'Equipement (Cété) réalise le premier inventaire des cantons d'Yvetot et de Fauville-en Caux.

 

1995...

Durant cet hiver particulièrement pluvieux, les marnières se rappellent au bon souvenir des habitants de la région avec un spectaculaire accident : Durant la nuit du 3 février 1995 à Mesnil-Panneville, un pavillon disparaît en moins d’une heure, englouti dans l’effondrement d’une cavité... heureusement sans victime.

...1995 -1996

Sous la pression des associations, à la demande de la préfecture de l’Eure et de la Seine-Maritime, chaque commune doit fournir un inventaire des marnières recensées sur leur territoire.

Nombreuses communes fourniront des inventaires d'effondrements, d'affaissements de terrain qui seront souvent enregistrés comme des anciennes exploitations souterraines de marne. La plupart des déclarations seront anonymes et ultérieurement incontrôlables, peu précises. Certaines "marnières" vont être localisées en fonction des intérêts personnels de certains déclarants...

 

Les « inventaires » communaux sont transmis aux DDE de l'Eure et de la Seine Maritime, sans vérification préalables et deviennent opposables aux tiers.

 

Chaque indice signalé étant assimilé à un effondrement lié à la ruine d'anciennes carrières souterraines d'origine anthropique à une catastrophe naturelle...
...au titre de la prévention des risques concernant les biens et de la sécurité des personnes en périphérie de ces ..."marnières"... des périmètres de sécurité vont être circonscrits sur recommandation des services de l'Etat

Fin des années 90

  • En Seine-Maritime
  • Les services de l'Etat relayés par un effort financier du département (subvention des inventaires) imposent la réalisation d'inventaires communaux des cavités souterraines en parallèle de la mise en place ou de la révision des documents d'urbanisme (Carte Communale ou Plan Local d'Urbanisme dans le cadre de la Loi SRU)

 

  • Dans l'Eure
    le travail de recensement commencé par la DDE est accentué et choix est fait de confier l'inventaire départemental aux services de l'Etat.

2003-2007

Avec la Loi Bachelot du 30 juillet 2003 relative à la gestion des risques naturels, l'établissement d'un inventaire des cavités souterraines devient une obligation pour les communes, démarche reprise dans le Code de l'environnement en 2007.

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